Pâturage hivernal Une nouvelle possibilité pour une production laitière durable
Face à l’évolution des mentalités citoyennes et à l’augmentation du prix des matières premières, les prairies et le pâturage devraient constituer à l’avenir la base des systèmes laitiers durables. Une étude a été menée en 2008, par l’Inra de Saint-Gilles, pour estimer l’effet de la hauteur de sortie d’herbe sur les performances laitières de vaches holstein.
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Ainsi, l’utilisation efficace de l’herbe au pâturage et une bonne gestion de cette dernière sont aujourd’hui des objectifs étudiés par les différents instituts de recherche, en France comme ailleurs.
L’une des solutions consiste d’ailleurs à allonger la période de pâturage, au printemps ou plus tard dans la saison. Dans ce cadre, l’herbe d’hiver, parce que feuillue et courte, est souvent recherchée pour sa bonne valeur alimentaire. D’autant plus que c’est un choix qui se défend parfaitement puisque cette herbe serait perdue, si elle n’était pas consommée.
Quelques résultats en brefEn moyenne, avant pâturage, la biomasse au dessus de 2,5 cm a été de 1.180 kg MS/ha et la hauteur d’entrée de 5,8 cm. L’herbe offerte était de très bonne qualité avec des valeurs moyennes de 0,89 Ufl, 20% Mat et 77 % dMO. En moyenne, l’ingestion totale a été de 15,9 kg MS/j et la quantité ingérée d’herbe a augmenté linéairement (+0,07 kg/kg MS offert). La durée d’ingestion moyenne est de 7,2 h/j, soit 80 du temps d’accès, et n’a pas varié avec la hauteur de sortie. L’augmentation de la hauteur de sortie de l’herbe entraîne une augmentation de la production de lait de 4 % et du TP, mais une baisse linéaire du TB. |
Un mode d'alimentation économique
« L’herbe pâturée est souvent reconnue comme un mode d’alimentation économique pour la production laitière », soulignait en décembre 2010 Lucio Perez-Prieto, chercheur à l’Inra. « L’allongement de la saison de pâturage en fin d’hiver est donc une pratique intéressante pour augmenter la part de l’herbe pâturée dans la ration annuelle. » Mais qui dit hiver, dit faible pousse : « on sait que les faibles hauteurs d’herbe en entrée et/ou en sortie de parcelle, pourraient limiter les performances animales », précisait toutefois le chercheur. Dans ce cadre, un essai a donc été mené en février et mars 2008 sur 18 vaches holstein (12 multipares et 6 primipares).
Ces animaux ont été placés sur des prairies d’association ray-grass anglais et trèfle blanc. Le temps d’accès au pâturage a été limité à 9 heures par jour (entre les traites) et chaque vache a été complémentée avec 5 kg MS d’ensilage de maïs et 2 kg MS de concentré céréales. « Le pâturage était rationné et la quantité ingérée d’herbe a été déterminée », poursuivait Lucio Perez-Prieto.
9, 16 et 23 kg MS/VL/j
Dans cet essai, l’objectif était donc « d’estimer l’effet de la hauteur de sortie sur l’ingestion, les performances et l’adaptation comportementale des vaches pâturant des prairies de faible biomasse en hiver ». Les hauteurs sorties ont été obtenues avec trois différents niveaux de quantités d’herbe offertes : bas (9 kg MS/VL/j), moyen (16 kg MS/VL/j) et haut (23 kg MS/VL/j).
Ce qu’il faut retenirCette étude a permis de préciser quelques repères techniques utiles pour mettre en place un pâturage d’hiver :
« Augmenter la hauteur de sortie, en offrant davantage d’herbe, n’améliore pas significativement les performances », précise Lucio Perez-Prieto, scientifique à l’Inra de Saint-Gilles en charge de l’étude. |
De précédentes études ont en effet montré que la quantité moyenne d’herbe ingérée était comprise entre 1,5 et 2,5 kg MS/h. Or, dans l’étude menée par l’Inra de Saint-Gilles, la valeur moyenne atteint 1,3 kg MS/h offert (lire l'encadré).
« On sait que la quantité ingérée d’herbe résulte de deux facteurs : la durée d’ingestion et la vitesse d’ingestion. Ainsi, une forte contrainte imposée sur l’un de ces facteurs peut limiter l’ingestion », poursuivait le scientifique. Or, d’autres travaux ont mis en évidence d’une part, qu’un temps d’accès limité au pâturage réduisait la durée d’ingestion ; d’autre part, qu’une faible biomasse réduisait également la vitesse d’ingestion. « Dans notre étude, la combinaison de ces deux facteurs a donc réduit fortement la capacité d’adaptation des vaches, la quantité ingérée d’herbe étant faible même avec une forte quantité offerte », concluait le chercheur de l’Inra.
Pour aller plus loinInstitut de l’élevage : www.inst-elevage.asso.fr.Journée 3R : www.journees3R.fr Inra : « Combiner la gestion optimale du pâturage et les performances des vaches laitières : enjeux et outils », lire ici |
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